
Dans un couple, il faut que ça colle...
Dans le mème cheminement d'idée, je vous propose une petite leçon de latin et l'explication du " pénis captivus".C'est un peu long, mais narré avec beaucoup de délicatesse
L'histoire se passe dans une gare....au temps de la vapeur et des wagons à comprtiments.
Le beau Giovanni, fine moustache de jais et mains fureteuses était un dragueur impénitent. Mécanicien de son état, ses collègues disaient de lui poliment que c'était "UN HOMME A FEMMES". Mais, derrière son dos, d'autres vocables, nettement plus fleuris, encore non homologués par l'Académie Française, le qualifiaient plus vertement de queutard... Force était d'admettre qu'il avait du succès auprès de la gente féminine, et bien des dames succombèrent à son bagout volubile qu'il tenait de ses ancètres toscans. Jusqu'au jour ou...
Le beau Giovanni, la quarantaine avantageuse et extrèmement fier de sa personne, n'hésitait pourtant jamais à faire des propositions directes à toutes les femmes qui croisaient sa route. Tout était bon, sans discrimination d'age ou de milieu social. Son credo était assez simple en soi : Sur dix femmes que tu abordes, prétendait-il, il y en deux qui te donneront une gifle ; trois qui surprises, s'esquiveront avec une pirouette et un sourire ; trois qui te répondront que tu n'es qu'un satyre, affichant bien haut leur vertu outragée ; quant aux deux qui restent, je peux t'affirmer qu'elles accepteront la proposition sans faire de chichis!
Et bien sur, tous ces beaux préceptes, pas vraiment pétris de moralité, il les appliquait à la lettre, estimant que le nombre de gifles esquivées, ou reçues, était bien faible en regard de ses succès. C'était bien avant le sida, et les petits inconvénients qui survenaient parfois, se réglaient en deux temps, trois mouvements, par quelques injections de pénicilline... Ce qui était en quelque sorte, un tribut obligé au plaisir.
Quand Giovanni séduisit l'accorte Angèle, celle-ci était affectée au nettoyage des rames voyageurs en gare de T. La belle était réputée pour ètre une gaie luronne, dotée d'un physique qui suscitait plus volontiers l'envie que l'ascèse. Elle riait de bon cÅ“ur si, d'aventure, des mains baladeuses profitaient qu'elle soit occupée pour s'égarer sur sa plantureuse anatomie. Il lui arrivait bien parfois de s'en offusquer, mais ses protestations molles tenaient plus de l'invitation à poursuivre qu'à une vraie remise en place de certaines valeurs malmenées.
Quand son service le lui permettait, Giovanni ne manquait jamais de venir marivauder auprès de la belle, reniflant d'instinct qu'Angèle serait une proie aussi consentante que juteuse. Pourtant, solidement plantée dans ses bottes de caoutchouc, la belle n'incitait guère à la gaudriole. Sa tenue de service n'avait rien d'une toilette coquette, mais pour le beau Giovanni, mème une chèvre, coiffée d'une casquette, eut fait l'affaire. Et, ce qui devait arriver, arriva...
C'est par une nuit d'été, chaude et moite comme Ie sont les heures d'avant l'orage, quand l'électricité statique porte sur les nerfs, que Giovanni se rendit sur le chantier. La belle Angèle transpirait, malgré les fenètres ouvertes, en s'activant. Seule dans la voiture, la blouse largement échancrée laissait entrevoir des appas, d'une blancheur laiteuse, ballottant au gré des mouvements énergiques du lave-pont. La présence masculine derrière elle la fit sursauter. Elle se redressa et, le reconnaissant, retrouva son souffle et son sourire. Quelques gouttes de sueur se faufilaient jusqu'à sa gorge haletante, ajoutant une note puissante d'érotisme aux effluves sauvages qui s'exhalaient dans la touffeur de la nuit. Ce soir, pensa Giovanni, elle est à point!
Les nerfs à fleur de peau, pressentant le désir exacerbé de l'homme, la belle Angèle se laissa bercer au chant des sirènes et, séance tenante, s'embarqua pour Cythère au beau milieu des balais, des brosses et des détergents. La banquette de Skaï couina longuement sous les assauts répétés ; des plaintes et des gémissements s'élevèrent dans la voiture, tous les deux atteignirent des sommets que seul l'amour est capable de vous faire découvrir.
Leurs ébats furent si passionnés que ni l'un ni l'autre n'entendirent le contremaitre qui survint. Il effectuait sa ronde, comme toutes les nuits, veillant à ce que le personnel ne soit pas importuné par des rodeurs, ou des clochards à la recherche d'une couchette de fortune, ce qui se produisait quelquefois. Entendant les gémissements à peine étouffés d'Angèle, il redouta le pire et se précipita. Mais il resta pétrifié devant le tableau. Lequel agressait l'autre, nul n'aurait pu le dire. Enchevètrés, emmèlés, suants et soufflants sur la banquette luisante de transpiration, le couple s'étreignait dans un ballet d'une sauvagerie animale. Tout à coup, Angèle poussa un hurlement de bète fauve!
Elle venait d'apercevoir son contremaitre, qui, lui, demeurait sidéré devant ce spectacle qui ne figurait nullement dans la nomenclature de ses attributions. Le saisissement d'Angèle fut tel que les organes, jusqu'à présent délicieusement dilatés et accueillants de la dame, se verrouillèrent tout à coup, emprisonnant le baton pastoral du beau Giovanni d'une façon définitive. En terme médical, c'est le pénis captivus. Secouée de sanglots violents, rabrouée par son beau Toscan qui ne parvenait pas à s'extraire d'elle, la malheureuse se couvrait le visage tant bien que mal. Le contremaitre donna de la voix, espérant remettre un semblant d'ordre dans ce pandémonium, mais rien n'y fit. La situation était aussi cocasse qu'égrillarde. En désespoir de cause, on fit appel aux sapeurs-pompiers. L'aube pointait et les premiers voyageurs n'allaient pas tarder.
On emporta le couple, toujours très étroitement lié (c'est le cas de le dire!), sur un brancard. Une couverture dissimulait les détails scabreux aux yeux des badauds. Ce curieux équipage se dirigea en toute hate vers l'ambulance, dont les gyrophares ameutaient toute la gare par leur discrétion coutumière.
Deux chiens errants, benoitement assis à l'écart de toute cette agitation, regardèrent passer le spectacle. L'un des chiens se tourna vers l'autre et dit :
- Y z'en font bien des histoires, parce que si c'était nous, y'a longtemps qu'on aurait pris un seau d'eau!
- Et Froide..., rajouta le second en opinant de la tète.